In Memoriam: Janice Glasgow
Hommage à Janis Glasgow (24 août 1934 – 2 mai 2001)
Le George Sand Studies est en deuil à la suite du décès de Janis Glasgow, pionnière dans l’étude de Sand. Janis a commencé sa thèse Psychological Realism in George Sand’s Early Novels and Short Stories: 1831-1835 (Réalisme psychologique dans les premiers romans et nouvelles de George Sand : 1831-1835) au début des années 1960, lorsque les travaux de Sand étaient bien plus difficiles à obtenir qu’ils le sont aujourd’hui, avant que les « Women’s Studies » ne se développent et avant même que l’édition monumentale de George Lubin de la Correspondance ait commencé à être publiée (vol. I, 1964). Elle, ainsi que son mentor à UCLA, Neil Oxenhandler, méritent notre gratitude ; ni l’un ni l’autre ne pouvait alors savoir ce qu’allaient devenir les études sur Sand en Amérique du Nord.
Janis a ensuite publié un ouvrage courageux et novateur sur Sand et Balzac (qui aurait osé les égaler à cette époque ?), Une Esthétique de comparaison: Balzac et George Sand: La Femme abandonnée et Metella (Nizet, 1978), ainsi que de nombreux articles dans le George Sand Studies et les Amis de George Sand, et de nombreux volumes de comptes rendus de conférences (voir la Bibliographie Internationale de la MLA pour une liste détaillée). Pendant vingt ans, entre 1976 et 1996, Janis a assisté à chacune des douze conférences internationales sur George Sand, présentant toujours un article. Fait encore plus notable et caractéristique de sa générosité envers les autres, en février 1981, elle a elle-même organisé la Quatrième Conférence Internationale Sand au sein de sa propre institution, l’Université d’État de San Diego, conférence qu’elle a dédiée à George Lubin, « en reconnaissance de ses conseils et de son amitié ». Les trois magnifiques jours ensoleillés ont inclus un exposition de Gargilesse, organisée et présidée par Christine Smeets-Sand, un concert de Chopin, une représentation théâtrale d’Aldo le Rimeur, un spectacle de danse : Her Name was George, ainsi que la présentation d’une trentaine d’articles sur Sand. En 1985, Janis a publié George Sand: Collected Essays (Whitson), fournissant une trace de la plupart des présentations et des images offertes par l’artiste Françoise Gilot, créatrice du poster de la conférence.
Ce volume n’était pas le seul que Janis ait édité pour d’autres chercheurs sur Sand. Ses efforts pour partager le travail de Sand aussi largement que possible l’ont amenée à rédiger l’introduction de « Metella » dans le volume de Nouvelles édité par Eve Sourian (des femmes, 1986) ; à publier Gabriel (des femmes, 1988), à présent très étudié, et, avec l’historienne de l’art Henriette Bessis à publier Questions d’art et de littérature (des femmes, 1991).
Si la générosité caractérisait nombres des activités académiques de Janis Glasgow – et explique peut-être en partie son attirance envers l’écrivaine au grand cœur de Nohant – cela était également typique de sa vie personnelle, comme l’on remarqué tant de membres de la GSA en apprenant son décès. Elle était un mentor généreux pour de nombreux jeunes chercheurs et une hôte gracieuse pour les nombreux sandistes qui lui ont rendu visite dans son appartement de Pacific Beach (où ils ont rencontré le majestueux félin Topaze, avant la mort du chat bien-aimé). Janis chérissait ses amitiés et les entretenait loyalement par le biais d’une vaste correspondance (n’atteignant peut-être pas les vingt-six volumes, mais tout de même…). Et combien d’entre nous avons reçu les photos de conférences largement partagées par Janis par exemple ? Cette loyauté n’était pas réservée uniquement aux amis. Janis s’est occupé de ses parents âgés avec une dévotion exceptionnelle, même lorsque sa propre santé s’est dégradée.
Malgré une maladie chronique qu’elle a eu tout au long de sa vie et dont elle parlait rarement, Janis n’a rien laissé entraver son amour de la vie. Ceux d’entre nous qui avons eu le privilège de la connaître retiennent de nombreux souvenirs : sa joie à l’écoute du violon tsigane à Debrecen, son rire avec ses amis pris sous une pluie diluvienne à Tours, son amour de l’art (Janis réalisait également des aquarelles), son amour du voyage, et par dessus tout, son amour des gens.
En son honneur, la GSA a créé le Prix commémoratif Janis Glasgow pour récompenser la meilleur thèse doctorale entièrement ou en partie sur Sand, en anglais ou en français, pour les années 2001, 2002 ou 2003, prix qui sera attribué lors de la Seizième Conférence Internationale George Sand qui célèbrera le bicentenaire de la naissance de Sand.
Annabelle Rea, Occidental College