In Memoriam: Christine Chambaz-Bertrand
The Sandian community as a whole was extremely affected by the very sudden passing of Mrs. Chambaz-Bertrand whom all loved and esteemed. While thanking my colleagues for asking me to write this homage, I am very much aware of how insufficient it is and of the insurmountable difficulty that one meets when trying to evoke the memory of a human being through a few written lines.
Born in Paris on August 9th, 1943, Christine Bertrand belonged to a cultivated family, sensitive to literature – her mother, Andrée Martinerie, wrote and would win the Librarians’ Award in 1961 for her novel Les Autres jours. The adolescent pursues strong studies at the Lycée La Fontaine, prolonged by an hypokhâgne at Janson de Sailly. At these selective schools, she both was intellectually stimulated and had the pleasure to build long-term friendships. She is passionate about literature and this passion would orient her whole life. After studying at the Sorbonne, she passes the difficult exam of the agrégation de Lettres modernes on the first attempt; she is 23. In parallel, she studies Russian at the “Langues O” (currently Institut national des langues et civilisations orientales, INALCO), and goes several times to the USSR, at a time when few students dare take the risk. The reading of Tolstoy and Dostoevsky deepen her broad general knowledge.
She then begins her teaching career: at the Ecole Normale of Annecy, the Lycée Fayet near Chamonix, then in Bonneville and finally in the Paris area at the Lycée François Villon of the Mureaux and at the Lycée Jeanne d’Albret in Saint-Germain-en-Laye. Teaching in high school is not an easy task, and it has not been so particularly for the past few years. However, Christine Chambaz-Bertrand did her job dutifully with great courage and a genuine passion for teaching. This French career was interrupted for a year, in 1975, during which she taught at Smith College thanks to an exchange, gaining the American University experience.
Her teaching experience has always been linked to her research interests. After a doctoral thesis on Anaïs Nin, “Le Miroir et le Jardin”, she turns to George Sand’s work and defends a thesis on “the paradoxes of maternity with George Sand” (Les Paradoxes de la maternité chez George Sand) in 1991. The committee comprised of renowned Sandians (Georges Lubin, Philippe Berthier, Nicole Mozet) awards her the title of Doctor, with High Honors. Mrs. Chambaz-Bertrand had chosen me as her thesis advisor; I could thus appreciate her qualities as a scholar and her constant work in, at times, difficult conditions.
This thesis, defended at the Paris 8 University, nicely shows the personality of Solange thanks to previously unseen material – Mrs. Chambaz-Bertrand showed this character’s talent and personality. Without ignoring the work of historians and sociologists, this work drew on the works of Mauronet and his technique of text superposition, with skill and flexibility. The outline is efficient, covering the work in the first part, and the life in the second part. The most interesting analyses are probably those that prove the often paradoxical interaction of work on life, or the gap phenomena: the novels on the “naughty girl” are precisely written while mother and daughter grow closer. Literature becomes all the more significant in people’s lives that Solange is tempted to identify to the characters of her mother’s novels, and that the mother has a tendency to see her daughter as a novel character and finally that Solange herself writes novels.
As traditionally happens during defenses, the committee had suggested a few possible improvements for this thesis. Mrs. Chambaz-Bertrand, with a rare courage, reviewed it entirely and turned it into another book, eventually very different, more rigorous and even richer in new material. In it, she follows the family drama on a daily basis, and particularly flips the point of view, taking that of the children instead of Sand’s. She rightly titles it “Maurice et Solange: les enfants de George Sand” (“Maurice and Solange: George Sand’s Children”). This proves yet again the enlightening value of changing an approach. Every Sandian will be able to enjoy the reading of this fascinating work, which is about to be published by “Le Jardin d’Essai”. Unfortunately, Christine Chambaz-Bertrand would not live to see it published and Simone Balazard took charge of preparing it for printing. Mrs. Chambaz-Bertrand was offered another project: that of editing the “Oeuvres completes” (“Complete Works”) of George Sand, project that I had initiated with the editor Champion. For the preparation of this edition, Christine was a loyal auditor in my seminar at the Ecole Normale Supérieure of the rue d’Ulm. She had herself taken care of Mont-Revêche and had already completed part of the work: we will make sure it is not lost. Let’s finally add that Mrs. Chambaz-Bertrand took part in several colloquia, and that she particularly enjoyed Cerisy-la-Salle where Maurice Gandillac was always happy to welcome her.
Teacher, scholar, mother as well (Christine is the mother of Nicolas Chambaz, who I thank for the help he provided me with in writing those lines), Mrs. Chambaz-Bertrand, albeit her often delicate health, faced these various tasks, with great courage, attention to detail and energy at all times. She was also a friend whose loyalty was appreciated by all, as well as her discretion, which did not occult her warmth: this network of friends is united in the memory of a particularly endearing character.
By Béatrice Didier, ENS, rue d’Ulm
Toute la communauté sandienne a été extrêmement affectée par la disparition très brusque de Mme Chambaz-Bertrand que tous aimaient et estimaient. En remerciant mes collègues de m’avoir chargée d’écrire cet hommage, je suis bien consciente cependant de son insuffisance et de la difficulté insurmontable que l’on rencontre à évoquer un être par quelques lignes d’écriture.
Née à Paris le 9 août 1943, Christine Bertrand appartenait à un milieu cultivé et sensible à la littérature – sa mère, Andrée Martinerie, écrivait et obtiendra en 1961 le prix des Libraires pour son roman Les Autres jours. L’adolescente fait de solides études au Lycée La Fontaine, prolongées par une hypokhâgne à Janson de Sailly. À la stimulation intellectuelle que lui apportent ces excellents lycées s’ajoute le plaisir d’y lier des amitiés durables. Elle est passionnée par la littérature et cette passion orientera toute sa vie. Après avoir été étudiante à la Sorbonne, elle réussit du premier coup et à 23 ans le difficile concours de l’agrégation de Lettres modernes. Parallèlement, elle étudie le russe aux «Langues O», et se rend plusieurs fois en URSS, à une époque où rares sont les étudiants qui s’y risquent. La lecture de Tolstoï et de Dostoïevski lui permet d’approfondir sa vaste culture.
Commence ensuite sa carrière d’enseignante : à l’École Normale d’Annecy, au lycée du Fayet près de Chamonix, puis à Bonneville et enfin dans la région parisienne au lycée François Villon des Mureaux et au Lycée Jeanne d’Albret de Saint-Germain-en-Laye. La tâche des enseignants des lycées n’est pas facile, surtout depuis quelques années; mais Christine Chambaz-Bertrand s’en est acquittée avec un grand courage et une vraie passion pour l’enseignement. Cette carrière française fut interrompue pendant une année, en 1975, où, grâce à un échange, elle fut lectrice à Smith College, acquérant ainsi l’expérience de l’Université américaine.
Ses activités de professeur se sont toujours alliées chez elle au goût de la recherche. Après une thèse de troisième cycle sur Anaïs Nin, « Le Miroir et le jardin », elle s’oriente vers l’œuvre de George Sand et soutient en 1991 une thèse sur « Les Paradoxes de la maternité chez George Sand ». Le jury composé de Sandiens réputés (Georges Lubin, Philippe Berthier, Nicole Mozet) lui décerne le titre de docteur avec la mention «très honorable». Mme Chambaz-Bertrand m’avait choisie comme directrice de thèse, j’avais donc pu apprécier ses qualités de chercheuse et son constant travail dans des conditions parfois difficiles.
Cette thèse soutenue à l’Université de Paris VIII met bien en lumière, grâce à des découvertes d’inédits, la personnalité de Solange dont Mme Chambaz-Bertrand a montré le talent et la personnalité. Sans ignorer les travaux des historiens et des sociologues, ce travail s’inspirait avec souplesse et habileté des travaux de Mauronet et de sa technique de superposition des textes. Le plan en est heureux, qui va de l’œuvre dans une première partie, à la vie (deuxième partie). Les analyses les plus intéressantes sont peut-être celles qui prouvent l’interaction souvent paradoxale de l’œuvre sur la vie, ou encore des phénomènes de décalage : les romans de « la mauvaise fille » sont justement écrits à un moment de rapprochement entre la mère et la fille. La littérature est d’autant plus prégnante sur la vie des individus que Solange est tentée de s’identifier aux personnages des romans de sa mère, que la mère a tendance à voir dans la fille un personnage de roman et qu’enfin Solange elle-même a aussi écrit des romans.
Comme il arrive traditionnellement dans les soutenances, le jury avait suggéré quelques améliorations possibles de cette thèse. Mme Chambaz-Bertrand, avec un rare courage, l’a reprise complètement et en a fait un autre livre, finalement très différent, plus rigoureux, plus riche encore en inédits ; elle suit alors jour par jour le drame familial, et surtout inverse complètement le point de vue, en prenant non plus celui de George Sand, mais celui de ses enfants. Et c’est à juste titre qu’elle l’intitule : Maurice et Solange, les enfants de George Sand. On ne saurait trop dire comme il est instructif de changer un angle d’approche. Tous les Sandiens vont pouvoir profiter de la lecture de cet ouvrage passionnant qui est sur le point de paraître aux éditions «Le jardin d’Essai». Hélas, Christine Chambaz-Bertrand ne l’aura pas vu publié, et c’est Simone Balazard qui a bien voulu se charger de le préparer pour l’impression. Un autre chantier s’offrait à Mme Chambaz-Bertrand : l’édition des Œuvres complètes de George Sand que j’ai mise en route chez l’éditeur Champion. Christine suivait très fidèlement le séminaire que j’assure à l’École Normale Supérieure (rue d’Ulm), pour la préparation de cette édition ; elle s’était elle-même chargée de Mont-Revêche et avait déjà accompli une partie du travail : nous veillerons à ce qu’il ne soit pas perdu. Ajoutons enfin que Mme Chambaz-Bertrand a participé à de nombreux colloques, et qu’elle affectionnait tout particulièrement Cerisy-la -Salle où Maurice de Gandillac était toujours heureux de l’accueillir.
Enseignante, chercheuse, mère de famille aussi (Christine est la mère de Nicolas Chambaz que je remercie pour l’aide qu’il m’a apportée dans la rédaction de ces quelques lignes), Mme Chambaz-Bertrand, malgré une santé souvent délicate, a fait face à ses diverses tâches, avec un grand courage, une exigence et une énergie constantes. Elle était aussi une amie dont tous appréciaient la fidélité, la discrétion qui n’exclut pas la chaleur : ce réseau d’amis demeure uni dans le souvenir d’une personnalité particulièrement attachante.
Par Béatrice Didier, ENS, rue d’Ulm